… à 15h 15, c’est à hauteur de la ravine Criais que la nationale est attaquée. Depuis plusieurs heures un épais panache plane au-dessus de la forêt. Mais tout commence discrètement par quelques volutes de fumée dans le fossé accompagné d’un bruit d’enfer au coeur de la végétation. Soudain tout se précipite.
La coulée déferle sur la route. En moins de cinq minutes elle est avalée sur plusieurs centaines de mètres et en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, un mur de plusieurs mètres de haut se dresse au milieu de la chaussée. Spectacle fascinant que de voir ce mur en mouvement continuer à avancer en direction de l’océan. Au grand désespoir de Guy Rivière, des plantations de grand et de petit natte partent en fumée. Un peu plus loin sur la route en direction de Bois Blanc, c’est une partition plus nuancée qui va se jouer.

La foule n’a cessé de grossir et elle piaffe d’impatience. Les gendarmes lâchent du lest en permettant au public de se rapprocher de l’endroit où la coulée devrait surgir de la forêt. Elle avance à pas comptés dans un bruit de verre brisé.

Les arbres tombent un à un. Seul un majestueux filaos fait de la résistance. La coulée n’est plus qu’à quelques mètres du bitume. Bons princes, les gendarmes laissent au compte-gouttes les spectateurs immortaliser l’évènement. Et tout s’accélère. Les gratons incandescents attaquent le bitume à 17h20. Des blocs incandescents roulent sur la chaussée. Les cris de la foule saluent le mur de feu qui avance comme au ralenti. Les arbres qui se transforment en torchères ajoutent à l’ambiance dantesque. L’éruption a franchi une première étape. Et chacun de s’interroger ? Ira ou n’ira pas à la mer ?

A 21h25, le suspense est levé. La première coulée à avoir atteint la route plonge dans l’océan. La seconde ne semblait pas pressée hier soir d’aller se mouiller les pieds.

plus d’information (et bientôt des photos) sur éruption Avril 2007