24/06/2007 : communiqué de VO2.fr

David Pasquio et Béatrice Fanget vainqueurs aux pieds

De la salle où l’on remettait les dossards aux repas d’avant-course, en passant par les forums réels ou virtuels, la question faisait débat : « les marathoniens vont-ils imposer leur vitesse face à la qualité de pieds des trailers ? »

Au départ de Nasbinals, dimanche matin, la plupart des 1487 engagés avaient leur propre course en tête… 41.600 mètres plus loin, David Pasquio et Béatrice Fanget étaient vainqueurs aux pieds.

De Nasbinals à Laguiole, les traileurs ont maîtrisé leur sujet. Fort de ses cinq succès nature consécutifs en 2007 et d’un 16’16 sur un 5000 m interclubs, Gil Besseyre s’est donné. « Un marathonien, il faut l’user. Si on attend tranquillement, on peut se faire piéger. » Dans son style très aérien, le triple vainqueur des Templiers a longtemps couru avec la banane. Trop sans doute… Se piégeant lui-même dans le dernier quart de la course. « C’est parti vite ! Dans les descentes techniques, j’ai envoyé ! Et finalement, j’ai été trop généreux. » En effet, victime de crampes, Gil Besseyre s’est classé troisième à Laguiole. Cependant, sa générosité a atteint son but et servi la communauté des coureurs nature. Car il n’y avait pas que Benoît Holzerny (2 h 23’24 sur marathon) en tête de course.

Si Xavier Gros (deuxième) a maîtrisé son effort, David Pasquio a attendu son heure pour s’offrir une victoire émotion. « Il y a des courses, comme cela, qui font énormément plaisir… » Et sa voix se noyant dans le fond de sa gorge… Puis, de reprendre. « Comme les Templiers… » Si David Pasquio n’a jamais gagné la Grande Boucle de Nant, il a su apprivoiser sa petite sœur. « Cela fait quatre ans que je fais du trail. Et c’est ma plus belle victoire… » Une dernière phrase que Patrick Lothodé, un autre Breton, avait déjà prononcé en 2005.

Après une saison cross-country et une participation aux championnats de France de Vichy et son abandon (km 75) au National du 100 km à Chavagnes-en-Paillers, David Pasquio a parfaitement rebondi sur les chemins de l’Aubrac. « Taper le bitume, cela n’a rien à voir avec le fait de courir sur les sentiers, lâche le Breton. Et puis, ce n’est pas la même mentalité. Pour moi, le trail, c’est synonyme de voyage… Je connaissais les paysages de l’Aubrac que par les images dans les magazines. La première fois que je les ai vus, j’ai eu envie d’y courir… » Et pour une première fois entre Nasbinals à Laguiole, il est venu, il a vu et il a vaincu.

Si Benoît Holzerny (1 h 05’20 sur semi-marathon) analysait, à son arrivée à Laguiole, « le trail, c’est une autre discipline, un autre objectif et un autre entraînement », sa compagne, Cécile Moynot, également marathonienne (2 h 44’01), récente centbornarde (8 h 32’39) et future internationale sur 100 km, avouait : « sur un tel terrain, la vitesse ne suffit pas. C’est la qualité de pied qui fait la différence. » Et de lâcher, dans un sourire désarmant : « vous en avez un bel exemple devant vous » La Sarthoise se classant septième à Laguiole. Reste que pour son premier essai sur un trail aussi long et face à un plateau de qualité, le couple Holzerny/Moynot n’a cependant pas fait de la figuration. Seule en tête pendant 20 km, Cécile Moynot n’eut ni le pied ni les jambes dans la partie « montagne » de ce Merrell Aubrac 007.

Toujours pointée entre 30 et 45 secondes, la Stéphanoise Béatrice Fanget n’a donc fait qu’une bouchée de la jolie Mancelle, dans l’ascension du Puech du Roussillon. Un appétit qu’elle confirmait dans la descente vers le Bouyssou (km 25). Il faut dire que la Ligérienne a fait partie du suivi France de course en montagne (5e du National 2003). Bref, dans la montée vers les Planes (km 28), Béatrice Fanget avait course gagnée. « La course en montagne m’a beaucoup servi, expliquait-elle à l’arrivée. Le parcours était assez cassant et au niveau de la mobilité du pied, c’était un atout pour moi. »

L’autre atout de la Stéphanoise fut son mental. « À partir du moment où je me suis mis un objectif en tête, je me prépare pour le réussir. Et ce premier grand trail de ma carrière, je l’avais très bien préparé. Pour mes 30 ans, je m’étais imposée cette course comme un défi. »

Polyvalente (course à pied, montagne, multisports, rollers, triathlon), Béatrice Fanget pense maintenant aux Templiers. « Avec ce que je viens de faire à l’Aubrac, j’ai pris un bulletin d’inscription, » révélait-elle à Laguiole. Son pied de montagnarde sera-t-il au départ de la Grande Boucle de Nant, à l’automne prochain ? S’il est là, ses adversaires sont prévenues, ce sera un objectif. Et lorsque Béatrice Fanget s’est fixée un but…
Bruno POIRIER.