Il y a un temps pour tout
Vainqueur du premier Grand Raid, Patrick Maffre est aujourd’hui en réserve
Insaisissable dans la montée, intouchable dans la descente, l’homme aux pieds ailés a longtemps régné en maître sur les courses de longues distances et en montagne chez nous. C’était dans les années 90. Aujourd’hui, la quarantaine fraîchement éclose, Patrick Maffre chemine avec bonheur sur d’autres sentiers.
Quand on évoque avec lui l’édition de 1993, Patrick Maffre déclare : “J’ai terminé en tête devant Jean-Philippe Marie-Louise. L’arrivée était jugée devant la mairie de la Possession. Il pleuvait au départ et dans le cirque de Mafate. Sur le reste du parcours le temps était beau. Je n’ai connu aucun problème particulier pour boucler l’épreuve en 16h30.”
En 1993, le Palmi-plainois en était à sa troisième sortie sur une course de longue distance en montagne. “J’ai débuté dans le milieu en 1990 sur la Grande Traversée, devenue plus tard Course de la Pleine lune, puis Diagonale des fous avant de s’appeler aujourd’hui Grand Raid. Ce jour là j’ai terminé à la troisième place.”
L’année suivante il était toujours à l’appel et cette fois aux premières loges. “J’ai fini la première place ex aequo avec le métropolitain Gilles TROUSSELIER.” En ce temps là les coureurs de l’île partaient tous avec des sacs à dos lestés jusqu’à 12-13 kilos. La préparation était bien souvent approximative. Ils manquaient cruellement de conseils et de repères pour la plupart. Mais les progrès en ce domaine ont été rapides. “Au début nous étions à 18h pour les meilleurs. Aujourd’hui il faut compter une quinzaine d’heures.”
“LE SUPER-MARATHON DES CIRQUES, MON PLUS BEAU SOUVENIR »
Son second succès sur le Grand Raid, il l’a signé en 1997 en 15h37. “J’ai coupé la ligne devant Pascal Parny. L’arrivée était jugée à la Grande Chaloupe.” Ce même Parny s’est imposé l’an passé en 16h01’47.
Depuis 1997 Patrick Maffre n’a plus connu la réussite sur la course d’octobre. “Pendant deux ans j’ai pris un peu de recul. J’en ai profité pour voyager et découvrir de nombreux coins de France magnifiques. J’ai tenté un retour en l’an 2000, mais j’étais blessé et j’ai dû abandonner au Volcan. L’année dernière, j’ai été victime d’une entorse au Volcan et je me suis arrêté à Cilaos.”
Dans la spécialité son palmarès reste l’un des plus riches, sinon le plus riche à ce jour chez nous. “En 1992 j’ai gagné le Super-marathon des cirques. Cela reste mon plus beau souvenir. D’abord parce que la course était bien organisée et se disputait sur cinq jours et surtout parce qu’elle était rehaussée de la présence de quelques pointures internationales.”
Par trois fois (de 1994 à 1996) Patrick Maffre est sorti vainqueur de la Passe Montagne, course disputée au mois de mai et tombée aux oubliettes depuis.
A son tableau de chasse figurent également trois victoires au Marathon des Cirques, une à la Boucles Plaines. Il a aussi porté haut les couleurs de la Réunion sur des circuits internationaux tels la « 6000-D« , le Marathon de Paris, le Mont Cameroun et le Tour du Mont Blanc.
“J’AI DÉBUTÉ À L’ÂGE DE 11 ANS”
A la Réunion il a gagné toutes les épreuves de moyenne ou longue distance en montagne, sauf la Trans-Sainte-Marienne. “J’ai terminé à la troisième place l’an passé, année de la première édition. Je m’étais préparé pour celle de cette saison, mais les conditions météorologiques ont obligé les organisateurs à tout annuler. J’étais également préparé pour la Makoise, mais là aussi, il y eut à nouveau annulation à cause du mauvais temps.”
Ces rendez-vous manqués ne chagrinent nullement celui qui totalise plus de 30 ans de pratique athlétique. “J’ai débuté à l’âge de 11 ans. A 12 ans j’ai eu ma première médaille. C’était du bronze à l’occasion d’un cross dans le cadre des jeux des Plaines.”
Il trouve ainsi davantage de temps à consacrer à sa famille. “Aujourd’hui j’ai d’autres centres d’intérêt. Mes enfants grandissent et je prends beaucoup de plaisir à les accompagner dans leurs découvertes.”
Bricoleur dans l’âme, il consacre de longues heures à agrémenter son cadre de vie. “Il y a toujours à faire dans une maison.” Tant et si bien que la course ne lui manque pas beaucoup. “Je cours toujours. Mais c’est pour entretenir la forme. Plus question aujourd’hui de faire entre 180 et 200 km par semaine comme autrefois lorsque j’étais pleinement compétiteur. Je n’ai plus la même flamme. Je ne me vois plus consacrer 4 à 6 mois de préparation à chaque rendez-vous. Il y a un temps pour tout. J’ai aujourd’hui 43 ans, je m’amuse. Je ne veux plus connaître la pression.”
Patrick Maffre a marqué les courses de montagne en général et le Grand Raid en particulier et inversement. Rien de ce qui concerne ces rendez-vous ne saurait le laisser indifférent. Ainsi dans trois mois il sera sur le parcours, afin de voir évoluer les uns et les autres.
“Il y a de nombreux jeunes chez nous dont le potentiel est intéressant. Je pense notamment à Yoland Maillot, à Benoît et Jean-Pierre Grondin et quelques autres dont j’ai oublié les noms. Je souhaite qu’ils réussissent à leur tour sur les
longues distances comme ils le font actuellement sur les courtes distances.”
Alain Junot : 2002 ©Clicanoo.com – STOR Informatique / le Journal de l’île