L’ETANG-SALE (Ile de la Réunion) (AFP) — Une épreuve unique au monde par son caractère exclusivement féminin, un terrain de jeu grandiose, sauvage et varié: la 7e édition du « Raid Amazones », a mis aux prises toute la semaine à l’Île de la Réunion, 218 Miss des sports de nature et d’aventure, plus une, Miss France.

Valérie Bègue, 23 ans, la reine de beauté française, cru 2008, a quitté les podiums et défilés de mode, troqué les escarpins et les robes du soir pour de solides chaussures tous terrains et un maillot à dossard.

Comme les 218 autres concurrentes, en majorité trentenaires, de toutes professions et milieux sociaux, françaises mais aussi Canadiennes, Néerlandaises, Allemandes, Suisses et Belges, la belle brune a transpiré sur les sentiers escarpés de sa Réunion natale, plongé dans les cours d’eau des ravines et connu la peur suspendue à une corde de rappel au-dessus du vide et des cascades.

« Je suis ici pour participer, pas pour gagner. Ici, je ne suis pas en compétition mais dans le partage de la joie et de la souffrance avec les autres filles, a-t-elle prévenu. D’ailleurs, je ne suis pas sportive et c’est la première fois que je me plie à un tel effort physique. C’est formidable, mais que c’est dur, que c’est dur ».

VTT, course d’orientation, natation, tir à l’arc, canyonning, trek, équitation étaient au menu des amazones.

Jeudi, fin de matinée. L’épreuve du jour (un trek d’une vingtaine de km en pente très raide et cassante) démarre dans le paysage minéral et lunaire au pied du piton de la Fournaise. Le volcan est au repos depuis son éruption historique d’avril 2007. Il est dans les nuages et les filles ne le voient pas.

Les amazones passent en soufflant et attaquent la descente vers la mer.

Soudain, un grondement imperceptible. Un cône d’éruption dans le gigantesque cratère du Dolomieu vient d’entrer sans prévenir en activité. Le monstre salue les belles…

A chaque jour ses petits drames. Deux entorses le premier. Un sévère coup de chaud (plus de 41 degrés de température, perte de conscience et hospitalisation de 24 heures pour une raideuse canadienne) le deuxième. Les jambes sont écorchées, les bleus fleurissent. Et des entorses, encore des entorses et des foulures.

« C’est le risque, c’est bête, mais c’est comme ça. Manque de chance », confie Sonia qui marche avec des béquilles depuis le soir du premier jour et est réduite au rôle de supporter de ses deux coéquipières.

Il en a coûté quelque 10.000 euros à chaque équipe de trois concurrentes pour participer au raid. La plupart sont peu fortunées. Les tirelires ont été cassées et la recherche de sponsors fut ardue.

« On a économisé pendant deux ans, vendu des tee-shirts, sonné à toutes les portes », racontent Agnès Loustau, Sylvie Cassou, et Magalie Tuquet-Barbe, copines d’enfance et toutes trois aides soignantes dans une petite maison de retraite de Laruns au coeur du Béarn, dans la vallée d’Ossau (sud-ouest). « Mais c’était un rêve, alors l’argent, on a fini par le trouver ».

D’autres, comme les Catalanes Hélène Parazols, Bérangère Foxonet et Carole Julaud, natives de Perpignan, portent le flambeau d’une oeuvre, l’Association française du syndrome de Rett, une terrible maladie génétique polyhandicapante qui frappe uniquement les petites filles.

La nièce de Bérangère en est atteinte. « Il faut augmenter le budget de la recherche, donc faire connaître cette tragique maladie indétectable pour le moment pendant la grossesse », estime cette mère de trois enfants.

Et puis il y a celles qui sont là (aussi) pour gagner. Depuis le début de la semaine, elles caracolent en tête de course, alors qu’elles portent le dossard 73, le dernier de la liste des engagées.

Céline Taiana et Nathalie Lapierre sont profs d’éducation physique. Anaïs Margueritte est assistante marketing. Toutes trois sont triathlètes et originaires de Dijon.

« Puisque on s’est inscrites en dernier, on va essayer de finir premières », disent-elles.

C’est bien parti. Réponse samedi.