News extraite du site du sponsor de D.Chauvelier, Jogging International
« Il n’y a que le désert qui guérisse le désespoir : on peut y pleurer sans crainte de faire déborder un fleuve. »
Difficile de commencer ce compte rendu en relatant la course de léquipe Globules/Jogging International.
Après l’annonce de Patrick Bauer, retenant mal ses larmes, du décès durant la nuit du coureur breton Bernard Julé, dossard 53, l’émotion est plus palpable que le pire des vents de sables sur le bivouac.
Bernard Julé, qui avait présenté bien sûr le dossier médical complet lors des dernières formalités avant la course, navait pas eu à se rendre en consultation depuis le départ du Marathon des Sables. Il a mené selon ses camarades de tente une bonne course sur les quatre premières étapes. A 03h30 ce matin il sest levé pour accueillir certains dentre eux sur la ligne darrivée. Il a été découvert inanimé ce matin à 06h30 par un de ses équipiers de tente. L’équipe médicale na pu que constater son décès.
Cest avec une profonde émotion que lensemble des concurrents et tout le personnel présent sur lorganisation et dans le pool presse ont appris cette triste nouvelle et respecté une minute de silence en sa mémoire.
Peu de temps avant dans la matinée, l’équipe Globules/ Jogging International avait pu raconter ses impressions sur cette étape longue menant durant deux jours entre le Jebel Zireg et louest du Kfiroun. Dominique Chauvelier, lui n’était pas encore rentré, ce qui laissait présager d’un abandon. Philippe Remond, qui signe à nouveau une très belle 5ème place pour cette partie, a géré Check Point par Check Point.
« Entre le 4ème et le 5ème CP sur les 6 avant d’arriver, j’ai eu un coup de mou terrible. Je me suis assis au point de ravitaillement et après j’ai marché, puis j’ai vu Marco Olmo revenir, cela m’a reboosté et je suis reparti. Je suis finalement arrivé à la tombée de la nuit . La fin c’est démoralisant. Tu te dis « je vois la banderole, j’y suis dans 10 mn, et finalement il faut le double de temps. Et ici dix minutes cela n’est pas rien. »
Un peu plus tard, lors du déjeuner nous avons retrouvé Dominique Chauvelier, qui avait bien abandonné au CP 4.
« Au 35ème km, cétait fini pour moi, jai marché jusquau 42ème dans la nuit. Cétait terrible. Je ne pouvais plus monter les dunes de face tellement javais mal, je devais les gravir de dos. Je marquais chaque foulée dans le mou ou dans les cailloux par un cri de douleur. Je pensais lexpression « pas de pot » et en pensant à mes orteils je me disais que cétait plutôt « plus de peau » (rire). Ce sont des moments très durs. Jai marché dans la nuit avec Michel Bach, un concurrent du peloton (NDLR , un fidèle du MDS qui avait accompagné en 2005 le coureur mal-voyant). Nous avons refait le monde pour oublier notre dérive, deux marcheurs perdus sous les étoiles et dans le froid. Jai refait le bilan de ma vie, cest peut être normal à la cinquantaine. J’ai pensé à ceux que jaime, mes enfants et la femme qui m’accompagne. Je me suis dit quil fallait que je sois plus attentif à eux. J’ai aussi songé à tous ceux qui mavaient soutenus. Qu’il fallait que je leur dise mon affection pour ces marques d’amitié. Je suis un « taiseux », à cause de mes origines paysannes peut être. Je ne sais pas dire « je taime » et c’est dommage sûrement. Voilà les tas de choses qui viennent à lesprit lorsque lon est un peu perdu dans le désert.
Je ne suis pas déçu. Je nétais pas assez en forme physiquement et techniquement. Bien sûr cest une grosse frustration. Je suis venu en me disant « Cest quoi ce Marathon des Sables dont on parle tant ? » Maintenant j’ai quelques éléments de réponse. Cest bien plus dur que ce que je pensais. Si javais mis en échelle de 100 % de difficulté, ici nous sommes à 200 %. Ce nest pas un défi uniquement physique. Il ny a pas que la performance sportive de coureur. Il faut gérer des tas dautres choses. Le manque de sommeil, le fait que tu ne te laves pas, les conditions spartiates, la répétition des efforts, les murailles de pierre ou de sable à franchir. Je crois que le conseil que je pourrais donner à un coureur pour sa première participation ne serait pas sur les techniques dentraînement. Je lui dirais « attends toi au pire de tes pires prévisions ». Pour qu’il soit prêt mentalement.
J’ai appris le désert, cet endroit mythique que lon voit sur toutes les cartes postales. Je me suis baigné dedans. J’aimerais bien revenir ici, en trekking, avec des amis et la femme que jaime, pour en profiter vraiment, avoir le temps de regarder vraiment autour de moi. Cette contrée est faite pour les voyages d’amitié, avec un effort physique dans la journée (je serais comme cela jusquau bout) mais avec aussi des moments festifs en bivouac. Ce pays s’apprend ainsi, au contact de la population et de ce milieu hostile mais extraordinaire de beauté. Loin des grands hôtels en tous cas
Vous pouvez consulter le classement et d’autres infos en cliquant sur News et classement MDS 2007
et vous pouvez voir de nombreuses photos de l’édition 2005 avec les préparatifs, la course, la délivrance de l’arrivée et les dernières heures au Maroc … en cliquant sur Galerie Photos MDS 2005